(Re)-dessiner / (ré)-inventer l'interactivité : le geste pour les nouvelles interfaces

Cécile Picard-Limpens (Numediart, Mons & Haute Ecole de Musique de Genève)

L'interface permet de contrôler et de communiquer avec une machine. Elle est donc réfléchie et conçue de manière à intéragir et piloter des mécanismes, et/ou explorer des données. Elle implique alors certaines techniques et caractéristiques d'ingéniérie. L'interface prend en entrée un geste. Le geste peut être défini comme tout ce qui remplit l'espace entre une intention et un effet, c'est à dire qu'il ne s'agit pas d'un simple mouvement d'un corps, mais d'un mouvement pensé et orienté. Une interface construit alors une typologie de gestes qui lui sont propres, définis et contraints par le médium même, et l'ensemble articule un langage.

L'enjeu de la conception d'une interface est de (re)-déssiner l'intéractivité. Autrement dit, à la différence de notre action aux choses/ aux êtres de l'environnement, il s'agit ici de redéfinir des actions et des effets à ces actions pour un objectif précis. D'une part, l'outil se doit de répondre techniquement à une loi d'"action/réaction". Ceci implique autant la détection du geste par un système de captation adapté, que la réponse à des contraintes de temps réel où la réactivité est crucial. D'autre part, l'outil, pour sa pérennité, se doit de construire un langage propre, qui repose sur la correspondance des gestes d'entrées à des actions dans l'environnement manipulé. Cette correspondance, (encore appelée "mapping"), implique l'analyse des données récoltés par les systèmes de captation mais aussi des choix d'innovations, et nécessite une approche interdisciplinaire (physiologie, sciences cognitives, médecine, techniques de traitement du signal et de reconnaissance automatique). L'interface propose souvent des lois d'intéraction simples ou prévisibles. La plupart du temps, son comportement se calque grossièrement sur celui d'un objet quotidien, ou bien son apprentissage est facile et rapide. Dans ce contexte, les nouvelles interfaces font naître chez nous des réactions nouvelles. Par exemple, on observe souvent une absence de relation directe entre l'effort physique fourni et l'effet/l'action résultant(e). Ré-inventer l'interactivité, dans le contexte des nouvelles interfaces, installe-t-il en conséqence un rapport nouveau à notre environnement quotidien? Dans quelles mesures? Il est évident que ces nouveaux outils augmentent nos possibilités. Pourrait-il exister un quelquonque risque?

Cette présentation a pour objectif de réfléchir ensemble à ces questions.